PREMIÈRE CONFÉRENCE : LOI DES SEMBLABLES
1. Sa Signification
Cette loi a été formulée par son auteur dans les termes les plus simples : Similia similibus curantur; ce qui, dans sa pensée, revient à dire que, pour guérir, il faut diriger contre l'universalité des symptômes du cas morbide individuel, celui d'entre tous les médicaments dont on connaît bien la manière d'agir sur l'homme en santé, et qui possède la faculté de produire la maladie artificielle la plus ressemblante à la maladie naturelle qu'on a sous les yeux
Il suit de là que cette loi exprime seulement un rapport, le rapport existant entre les symptômes par lesquels la maladie se caractérise, et ceux que l'agent curatif de cette même maladie a puissance de faire naître; ce rapport étant tout de similitude ou d'homogénéité.
Je dis, messieurs, de similitude et non d'identité, et cette distinction est nécessaire; car, c'est en l'oubliant, qu'on a cru devoir adresser à l'homoeopathie des critiques qu'elle ne méritait pas. Nous n'avons jamais dit, en effet, qu'il fallut opposer, à un état morbide, une action de même ordre, une maladie de même espèce; nous n'avons jamais enseigné que la belladone eût puissance de faire naître la scarlatine, le quinquina la fièvre intermittente, et le mercure la syphilis; mais nous avons entendu que ces médicaments produisaient des maladies artificielles, spéciales, exprimées par les symptômes semblables à ceux de la scarlatine pour la belladone, de la fièvre intermittente pour le quinquina, de le syphilis pour le mercure. De là vient que si l'homoeopathie a recommandé de combattre cette dernière affection avec des médicaments similaires, elle n'a jamais songé à la poursuivre avec le virus même qui l'engendre. Entre l'homœopathie et l'isopathie,
il y a donc un abîme, celui qui sépare l'analogie de l'identité.
En réalité, la loi de similitude compare les effets produits par deux puissances : la cause morbide d'une part, le médicament de l'autre; toutes deux frappant sur des sujets antérieurement sains; et elle affirme que du moment où ces deux forces peuvent s'annihiler, quand elles se rencontrent dans un même organisme, c'est qu'elles auront puissance de déterminer des manifestations semblables quant à leur expression symptomatique, alors qu'elles agiront séparément...
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