BARYTA CARBONICA
BARYTA CARBONICA évoque pour nous un état de dégradation, le
stade séquellaire d'une atteinte somatique à implications
psycho-pathologiques.
L'apparence est celle de la débilité mentale de
l'inadaptation socio-professionnelle ou de l'adaptation à
petit niveau et de la régression affective.
La symptomatologie du remède peut se rencontrer à tout âge
et procéder d'étiologies diverses :
- il peut s'agir d'un
enfant victime d'une aberration génétique, d'une virose
pré-natale, d'une anoxie cérébrale au cours de
l'accouchement, porteur d'une anomalie métabolique ou
d'une cardiopathie importante à retentissement cérébral
victime d'une encéphalopathie néo-natale ou précoce
(évidente ou occulte), ou bien d'une toxicose grave, ou
encore d'une hérédité marquée par la syphilis,
l'alcoolisme ou toute autre intoxication.
- il peut s'agir d'un
adulte dépourvu ou faiblement pourvu d'autonomie et de
maturité, pouvant parfois compenser ou paraître
compenser son déficit grâce à son environnement tantôt
resté semblable à lui-même, au cours des années, depuis
l'accident initial, tantôt amené à une symptomatologie
de BARYTA CARBONICA plus apparente que profonde par un
mécanisme réactionnel, à la fois endogène et exogène, de
repli, tantôt développant un processus de sclérose
artérielle avec HTA fréquente.
- il peut, enfin, s'agir
d'un vieillard chez lequel la sénilité progressive,
l'involution psychologique et l'athérosclérose offrent
leur étalage de signes dégénératifs, physiques et
psychiques.
L'ENFANT :
L'enfant BARYTA CARBONICA présente un retard évolutif et,
avant tout, un retard mental.
Quand la symptomatologie est précoce, c'est un nourrisson
amorphe, d'appétit médiocre, apprenant difficilement à
téter, tout comme vont être difficiles toutes ses
acquisitions :
- lenteur de l'éveil
perceptif que caractérisent des réponses insuffisantes
en rapidité et en force aux stimuli tactiles, auditifs,
lumineux,
- persistance de
l'incoordination gestuelle des premières semaines, avec
progrès nuls ou très lents,
- distinction très
lentement acquise entre le « moi » et le « non-moi » et
reconnaissance tardive du visage maternel,
- retard dans les
premières ébauches de la relation pré-verbale avec
l'entourage. Le sourire témoigne davantage d'une
satisfaction cénesthésique globale que d'une
communication humaine. Celle-ci ne s'établit que
lentement et reste à la merci de blocages en cas de
bouleversement dans l'environnement : stabilité du cadre
de vie, maintien du rythme habituel, calme des
personnes, sont les conditions impératives de la
sécurisation de cet enfant et de sa relation au monde,
- retard de la parole :
persistance de sons inarticulés, reproductions tardives
des premières syllabes et des mots individuellement «
adressés », parole explosive, confusion de sons,
bafouillage. Les premières phrases peuvent ne se
produire que passé 3, 4 ans ou plus,
- retard moteur : pour
s'asseoir, se tenir debout, marcher avec appui. La
marche indépendante, pendant un temps plus ou moins
long, est inharmonieuse, mal coordonnée, accompagnée de
syncinésies. La conquête de l'équilibre est toute une
affaire; les chutes sont fréquentes, sans réflexe de
protection, et le petit BARYTA CARBONICA au faciès
lunaire, à la peau épaisse et sèche en garde souvent de
disgracieuses cicatrices,
- retard, enfin, dans
l'acquisition des contrôles sphinctériens.
Il peut être atteint dans sa croissance, être petit et
hypotrophique, mais, en relation avec ses antécédents
neurologiques, il montre souvent (et surtout à partir de la
puberté) une corpulence massive évocatrice de perturbations
hypophysaires.
L'enfant BARYTA CARBONICA est souvent un petit adénoïdien
aux amygdales hypertrophiées, aux otites catarrhales
fréquentes, dont les conjonctives sont aisément le siège
d'une blépharite suintante, frileux, sensible au froid,
sujet aux bronchites répétées, mais aussi à des spasmes
oesophagiens lors de la déglutition et à de l'inertie
sphinctérienne avec gros ventre dur.
Ses parents se sont déjà inquiétés ou ne tardent pas à
l'être car la comparaison avec d'autres enfants, en famille
ou à l'école maternelle, impose l'évidence du déficit.
Avec son double aspect de lieu privilégié des acquisitions
intellectuelles et de lieu privilégié de la socialisation,
la scolarité souligne toutes les limitations, réelles ou
apparentes, temporaires ou définitives de l'enfant BARYTA
CARBONICA.
Sa lenteur perceptive ne lui fait appréhender que
péniblement et partiellement les objets et, n'en déchiffrant
que des fragments dont il ne perçoit pas les relations, il
ne mémorise pas. Il faut donc constamment lui redire ce
qu'il oublie aussitôt, car ce n'est ni compris, ni appris,
ni classé dans un ensemble cohérent.
Sa maladresse gestuelle parfois augmentée d'une
dyslatéralité partielle ou complète, contribue à ses
difficultés.
D'autre part, son langage mal articulé (il est même parfois
bègue) et mal modulé ainsi que son vocabulaire restreint ne
facilitent pas non plus, son intégration.
Cet enfant timide, souvent craintif, se cachant la figure,
vite désorienté, fatigable, dépourvu d'initiative dans les
jeux dont il comprend difficilement les règles, suit comme
il peut ses compagnons, avec, parfois une « involontaire »
brutalité, qui le fait repousser, à moins que, spontanément,
il ne fraie qu'avec les plus petits et les plus faibles,
mais, le plus souvent, il s'isole.
On le voit, alors, animer de façon autiste l'espace clos de
sa solitude :
« L'enfant imagine toutes sortes de choses étranges dont il
converse et dont il rit » (voir LATHOUD Matière Médicale, t.
I). Ou bien il se balance rythmiquement tout comme pour
s'endormir il se berce ou fait du « taping » en avant.
Bientôt voué aux redoublements, candidat aux consultations
spécialisées, aux classes de perfectionnement, et, dans les
cas légers, à la section de « transition », il acquiert,
cependant, mais à condition d'user d'une pédagogie très
concrète, très pratique, du niveau analytique le plus
simple. Les méthodes abstraites, les opérations de
généralisation et de synthèse sont, la plupart du temps,
hors de sa portée : il est capable d'imiter, très
peu d'adapter, presque jamais d'inventer ni d'accéder
à la pensée symbolique.
Il faut cependant prendre soigneusement garde de confondre
cet état particulier de déficit des fonctions instrumentales
avec un autre état qui peut y ressembler mais s'en distingue
par l'absence ou la non-évidence de facteurs organiques
associés, par des valeurs toutes différentes à l'analyse
psychométrique, et par des possibilités tout autres
d'éducation, d'insertion socio-professionnelle, et, surtout,
d'évolution psycho-affective.
On veut évoquer, ici, la « débilité harmonieuse », la «
pseudo-débilité psychogène », l'image de l'enfant
psychotique qui peut nous orienter vers la symptomatologie
de NATRUM MURIATICUM de GELSEMIUM ou de PHOSPHORUS.
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