ALUMINA
C'est l'oxyde d'aluminium (ou alumine).
Des troubles
étaient jadis attribués à l'action de ce produit, en milieu
industriel, chez les travailleurs de l'aluminium, soit au
stade de l'extraction du minerai (dans les mines de
bauxite), soit au stade de la fabrication des alliages, du
polissage et des transformations en produits finis. Mais il
s'agissait essentiellement d'effets dus à l'inhalation de
poussières et particules d'origine multiple, produisant des
lésions d'irritation cutanées ou bronchiques, voire
certaines pneumoconioses, mais « aucune intoxication
industrielle par les sels d'aluminium n'a pu être rapportée
».
Utilisés à dose pondérale en thérapeutique
allopathique (gel de phosphate d'alumine pour le traitement
des dyspepsies acides), les dérivés alumines ont un effet
indésirable bien connu : l'apparition d'une constipation
tenace, nécessitant un apport hydrique important. Leur
administration est également susceptible d'entraîner une
déplétion phosphorée génératrice de déminéralisation osseuse.
L'action pathogénétique lente développée par
ALUMINA, selon l'expérimentation hahnemannienne, permet de
retrouver certains des troubles mentionnés, mais aussi
d'autres plus importants.
- Symptômes cutanéomuqueux
:
- état de sècheresse de la peau avec prurit brûlant,
en particulier au niveau des mains et du visage (sensation
de peau qui tire, de « toile d'araignée » collée sur les
joues et le front);
- irritation des muqueuses surtout
respiratoires et digestives (gastriques, ano-rectales) avec
alternance de constipation extrême et de sécrétions
mucilagineuses excoriantes.
- Troubles d'expression
neurologique :
- faiblesse progressive avec
émaciation;
- parésies des membres, latérales ou
bilatérales, voire paralysies complètes;
- troubles de la
sensibilité (engourdissement);
- troubles de la
coordination motrice (gestes mal adaptés, marche
maladroite);
- troubles de l'équilibre : instabilité à la
station debout avec peur de tomber, à tort nommée « vertiges » par les malades, ou vertiges mais avec chute (sensation
que tout tourne autour de soi), se produisant spécialement
en position debout, yeux fermés (Romberg).
- Manifestations psychiques particulières :
Même en les
réduisant au minimum, les auteurs de Matières médicales
homéopathiques mentionnent tous :
- un état de
ralentissement intellectuel pouvant aller jusqu'à la
confusion mentale : difficulté à prendre une décision (par
incapacité évidente d'appréciation d'un choix), mais cela
peut aller jusqu'au sentiment d'irréalité avec interrogation
sur sa propre identité;
- un état d'inquiétude anxieuse,
d'attente impatiente, avec hâte fébrile;
- une
impressionnabilité marquée, en particulier à la vue du sang,
avec tendance à la lipothymie;
- des angoisses aiguës à
la vue d'un instrument tranchant (couteaux, ciseaux) avec
peur intense de s'en servir sur autrui (très rarement sur
soi-même).
Si beaucoup de symptômes expérimentaux
d'ALUMINA, en particulier les symptômes neurologiques,
peuvent concerner des malades lésionnellement dégradés,
notamment de grands vieillards (chez lesquels il faut aussi
penser à ARGENTUM NITRICUM, à CAUSTICUM, à CONIUM MACULATUM,
etc.), les crises de panique ont, de très loin, leur
indication chez des sujets jeunes. Il s'agit d'une
affection psychopathologique pénible et rebelle, se
manifestant dans un contexte bien particulier : les phobies
d'impulsion.
ALUMINA ET LES PHOBIES D'IMPULSION
Mme Brigitte B..., 26 ans, secrétaire comptable, mariée
depuis huit mois, vient consulter, en janvier 1980, pour un
état d'angoisse de plus en plus invalidant.
Bien
qu'élevée dans un foyer uni et accueillant, sans aucune
séparation d'avec les siens, elle a très tôt ressenti la
peur d'être abandonnée (en contraste avec une soeur aînée de
deux ans, hardie et indépendante) et des difficultés
extrêmes à s'éloigner de sa mère, avec un besoin constant
d'être rassurée. Enfant sérieuse, raisonnable, bonne élève,
elle a eu, vers quatorze ans, des préoccupations obsédantes
et des scrupules, le besoin d'exécuter son travail scolaire
selon certains rituels, non sans de longues hésitations et
de multiples vérifications, d'où une lenteur qui lui valait
de constants reproches et des résultats peu représentatifs
des efforts déployés et de la fatigue ressentie.
Atténuation de ces phénomènes entre dix-huit et vingt-quatre
ans, sans qu'ils aient disparu, alors qu'ayant fait des
études de comptabilité, elle a trouvé un emploi : sa
conscience professionnelle y est appréciée, ainsi que son «
bon esprit », bien qu'elle soit, intérieurement, susceptible
et têtue.
Mariage heureux à vingt-cinq ans, deux mois
après lequel survient un drame familial : son beau-frère
(car sa soeur s'est mariée à dix-neuf ans) se tue en
voiture. Le ménage semblait équilibré dans son originalité
sinon sa marginalité : pas de désir d'enfant après sept ans
d'union, mode de vie qualifié de « bohème », opinions
affichées de manière agressive, etc.
Brigitte, tout
comme ses parents, trouvait ce garçon peu sympathique. Mais
bien vite, elle a ressenti cet évènement avec une angoisse
croissante et une culpabilité impossible à maîtriser et
raisonner, incapable de repousser la crainte que cette
disparition brutale ne soit la réalisation d'un souhait de
mort qu'elle aurait pu faire...
Tantôt accablée de
remords, même si elle savait que jamais, consciemment, elle
n'avait eu un tel désir, tantôt révoltée d'être ainsi
tourmentée, triste et dépressive, doutant d'elle-même et de
sa vraie nature, asthénique et insomniaque, retrouvant le
besoin de protection maternelle comme dans sa petite
enfance, elle n'a pas osé faire part à son mari de ses
troubles.
C'est une belle jeune femme aux cheveux
châtains, aux yeux gris, assez grande et bien charpentée
sans être lourde, dont l'abord est réservé, voire pudique,
mais l'hyperémotivité évidente.
THUYA 30, PULSATILLA
30 et CALCAREA PHOSPHORICA 9 l'améliorent; GELSEMIUM l'aide
à passer un concours, mais elle revient, quatre mois plus
tard, car une nouvelle angoisse l'assaille. ...
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